Président absent, le gouvernement est-il en train d’assurer?

Durant l´absence du président Tebboune, atteint par le coronavirus et évacué vers l’Allemagne depuis plus d’un mois, le gouvernement semble avoir opté pour la mise en veilleuse de ses actions.

Il se réunit moins fréquemment, la dernière rencontre d’après l’APS remonte au mercredi 18 novembre 2020, durant laquelle, les membres du Gouvernement ont examiné un projet de Décret présidentiel et quatre projets de Décrets exécutifs présentés par les Ministres de la Justice, Garde des Sceaux, des Finances, de l’Industrie Pharmaceutique ainsi que par le Ministre Délégué auprès du Premier Ministre chargé de la Micro-Entreprise.

 

Nonobstant, le projet de décret présidentiel étudié en conseil du gouvernement, qui reste subordonné à la signature du président de la république qui est absent, le reste des décrets exécutifs sont aussi subordonnés à une procédure et mécanismes d’adoption développés pour les textes législatifs sous la direction du Secrétariat Général du Gouvernement en l’occurrence : diffusions, recueils des avis et observations, réunions de coordination pour aboutir à une rédaction finale.

La mouture finale ainsi élaborée est transmise au Secrétariat Général du Gouvernement pour un dernier examen avec l’ensemble des éléments du dossier, accompagnée d’une note de présentation à l’autorité compétente pour signature du Premier ministre et publication dans le journal officiel.

L’avis manquant du président de la république ne met-il pas l’action du gouvernement dans un état d’irrégularité quand bien même il y a une volonté d’agir ?

L’ingénierie de la bonne gouvernance fait cruellement défaut à ce gouvernement en l’absence du président de la république dans un régime ultra présidentiel.

Devant cette situation d’absence du chef de l’Etat, la situation de l’Algérie s’est en effet beaucoup dégradée, aussi bien, à l’intérieur du pays où le coronavirus fait des ravages, qu’à l’extérieur, où de très graves problèmes géostratégiques pourraient faire basculer, du jour au lendemain, le pays dans une situation difficile.

A nos frontières, on constate que la donne géostratégique a totalement évolué au détriment de l’Algérie. Au Sahel et plus précisément au Mali, la situation semble s’engranger au désavantage de l’Algérie depuis la libération par l’armée française et, au détriment des intérêts algériens, de 300 dangereux terroristes, en échange de la remise en liberté d’un otage français. Quelques terroristes auraient été tout récemment  arrêtés en Algérie par nos services de sécurité, preuve que le danger est bien réel.

En Libye, où le cessez le feu entre belligérants a été obtenu sans la collaboration de l’Algérie, les forces en présence notamment celles de la Turquie, de l’Égypte, des Emirats Arabes Unis sont connues pour leur manque de sympathie à l’égard de notre pays. Des manœuvres diplomatiques, contre notre pays ne sont de ce fait, pas du tout à écarter de leurs parts.

Par ailleurs, le soutien dont le royaume du Maroc a bénéficié de pratiquement tous les pays du Golfe, sonne comme une action concertée contre l’Algérie, seule à manifester aujourd’hui encore, son hostilité à la normalisation avec Israël.

Tout porte à croire que cette tendance à l’isolement diplomatique va se poursuivre et se renforcer, à la faveur de l’absence prolongée du président Tebboune.

Les pays hostiles à l’Algérie savent en effet que l’Algérie est régie par un régime ultra présidentiel et que sans président de la république, le pays aura bien du mal à réagir avec célérité aux provocations extérieures.

Dans l’état actuel à l’intérieur, avec la crise sanitaire, la crise politique, la crise économique notamment et à l’extérieur avec les nouvelles donnes géopolitiques et géostratégiques, il est tout â fait normal qu’on envisage avec pragmatisme un nouveau scénario qui tiendrait compte de la disponibilité à court terme du président Tebboune.

La situation à la Bouteflika n’est pas envisageable dans l’état actuel, tant elle est présente douloureusement dans l’esprit des algériens.

Les tout prochains jours promettent donc d’être riches de décisions adaptées aux nouvelles réalités, malheureusement très difficiles, auxquelles devrait faire impérativement face, l’Algérie.

Encore une fois ,une situation de blocage est menaçante institutionnellement et pourrait entraver le bon fonctionnement de l’Etat avec l’absence prolongée du président de la république.

Ne doit-on pas se prémunir de ce genre de situation avec une constitution dans laquelle toutes les situations seront prises en compte ?

A bon entendeur

Docteur Rafik Alloui

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