Point de vue franco-algérien : Victoire d’une personne, d’un clan ou d’un peuple ?

Il y a quelques temps de cela, peut être deux ou trois semaines, j’aurais été le premier à affirmer avec la plus grande des assurances que le peuple algérien, c’est l’inverse du peuple français.

Je m’explique : interrogez les Gilets Jaunes aux quatre coins de l’hexagone sur les raisons de leur colère et vous en verrez… de toutes les couleurs (et pas uniquement jaune). En revanche, de l’autre coté de la Méditerranée, les Algériens savaient très bien ce qu’ils voulaient : que Bouteflika quitte El-Mouradya (comme s’il y était encore…).
C’est désormais mission accomplie ! Bouteflika a été contraint de démissionner puis remplacé par Bensalah qui, dès ses débuts en tant que chef d’État intérimaire, subit les foudres de la colère populaire.

Ce dernier étant perçu comme faisant parti du clan présidentiel qui, désormais, est en bout de course. Donc, comment persister dans la prétention de connaître un peuple imprévisible ? En effet, les Algériens savent toujours ce qu’ils veulent mais (presque !) jamais ce qu’ils font, là où les Français savent très bien ce qu’ils font sans jamais savoir pourquoi…Définir le peuple algérien dans son ensemble ne peut, dès lors, se limiter à la simple invocation du contraire d’un autre peuple : les Algériens sont uniques !

Cette unicité, elle l’est vis-à-vis des autres. Car entre Algériens c’est l’union qui est à l’œuvre. L’union d’un peuple dans son ensemble, transcendant toutes querelles intestines que celles-ci fussent d’ordre ethnolinguistique ou autre…

Une ombre se profile toutefois à l’horizon : En effet, cette entreprise est celle d’un peuple qui, ayant eu l’intelligence de manifester pacifiquement, su jouer des rivalités au sein d’un pouvoir loin d’être homogène. J’en reviens au recours à l’article 102 : c’est l’armée qui poussa le Président en chaise roulante vers la porte de sortie. Certes, ce n’est pas suite à l’application de l’article 102 que le Président démissionna.

Il ne fait néanmoins aucun doute que les discours successifs de Gaid Salah, qui lentement s’écarta du pouvoir politique, eurent leur importance dans la décision prise par ce même pouvoir de mettre fin au règne de Bouteflika.

Ce pouvoir qui, d’ailleurs, plaça Gaid Salah là où il est (pour faire contrepoids à l’ancien homme fort de l’Algérie : le général Toufik, secret de polichinelle, évidemment), faisant peu à peu de ce dernier un nouvel homme fort qui concentre à présent de nombreux pouvoirs (armée, services secrets…). Se pose alors la question de savoir si ce dernier agira en patriote consciencieux, ou en généralissime, guide d’une transition qu’il fera durer le plus longtemps possible de sorte qu’il puisse gouverner jusqu’à sa mort ?

Nous savons que notre grande armée est composée de multiples éléments et que tout ne tourne pas autour de Gaid Salah. Je remercie, d’ailleurs, l’ANP pour avoir mis un terme à la triste farce du cinquième  mandat de Bouteflika qui, je l’espère, aura tout son temps pour se reposer…
Mais, c’est en réponse aux revendications populaires qu’agira l’armée, et non entièrement d’elle-même.

C’est donc dans la synergie entre une armée et son peuple que cette même armée fera la fierté de ce peuple qui a tout pour l’être, en réalité.
Que l’armée soit au service du peuple et non d’une seule personne, que celle-ci soit, ou non, animée de bonnes intentions…

De même, espérons que les règlements de compte aujourd’hui à l’œuvre entre l’armée, l’ancien DRS et le clan présidentiel ne mettront pas un frein à la grande avancée que l’Algérie connaît actuellement. En effet, depuis la démission de Bouteflika, les langues commencent à se délier.

En tant que jeune franco-algérien qui s’intéresse à son pays d’origine, lui souhaitant tout le meilleur qui lui soit possible d’atteindre (et même plus), je souhaite vivement que ces tensions qui opposent les différents clans ne refroidissent pas un printemps algérien qui s’annonçait très joli.

Pourvu que le clan principal, celui du peuple, se rende compte du fait qu’il s’agit du détenteur du pouvoir réel et que c’est de lui dont dépend l’avenir de chacun des protagonistes cités précédemment. Si l’heure est au règlement de compte pour les uns, elle doit être à la prise de conscience pour les autres !
C.Q.F.D.

samsam francoalgérien

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