Le gros risque de Ali Benflis

Par deux fois, Ali Benflis a perdu, peut être aussi, l’a-t-on fait perdre , aux élections présidentielles auxquelles il s’était risqué comme candidat aux plus forts moments de la fraude érigée en système normalisé.

D’abord en 2004, où il partait fort du soutien d’une partie de l’armée dont le Général Mohamed Lamari qui voulait en découdre avec Bouteflika.

Puis en 2014, à la faveur d’un mécontentement général, néanmoins étouffé,contre un 4 ème mandat de Bouteflika.

Benflis à l’époque avait subi l’humiliation par des résultats aux chiffres truqués.

Il était devenu l’ennemi juré de Bouteflika, un frondeur, un opposant, sans amis ni trop d’alliés.

Lui, pour lequel le système ne peut avoir de grands secrets, connaissant parfaitement ses pratiques , avait accepté pourtant de participer à des élections qu’ il devait savoir, jouées d’avance.

Avait-il pour mission de jouer la caution ou serait-il réellement naïf au point d’espérer battre un régime dont la puissance était justement faite de sa main mise sur tous les leviers de commande et de fraude ?

Aujourd’hui, il est vrai que Benflis a fait de l’apprentissage en matière d’opposition et a réussi quand même à maîtriser les techniques d’une communication qui porte en osant le débat contradictoire sans gêne ni fuite en avant, mais cela suffira-t–il pour faire de lui , un candidat sûr et convaincant, du moins , lui même, convaincu que ce sont les libres voix de la transparence qui s’exprimeront ?

Benflis avait pourtant été acteur du hirak, jouant pleinement la carte de la proximité populaire, durant les premières semaines du mouvement populaire.

Il s’en détachera en douceur, avec intelligence pour entrevoir l’issue qui laisse suggérer l’existence d’un compromis à un certain niveau.

L’homme est réputé intégre, beaucoup ont essayé de lui coller une responsabilité dans la répression contre les manifestants descendus de la kabylie en 2001 et notamment cette fameuse interdiction de tout rassemblement dans la capitale.

Il s’en est expliqué avec des arguments qui pourraient convaincre sur le piège non avoué dans lequel il avait été enfermé.  Ce point noir lui colle à la peau.

Cette  » irresponsabilité  » du pouvoir à l’époque avait coûté plus de 200 victimes dans les rangs des jeunes manifestants kabyles.

Benflis avait raté à ce moment là une précieuse et surtout honnête occasion de se démarquer publiquement de cette politique meurtrière.

Aujourd’hui, le candidat Ali Benflis développe du bon verbe, de l’engagement,  et se veut une alternative dans ce sombre brouillard qui recouvre les horizons d’un pays avançant vers l’inconnu.

Par contre  son staff de campagne semble adopter une attitude suicidaire pour le candidat Benflis. Les collaborateurs de l’ex premier ministre s’en prennent frontalement aux activistes politiques emprisonnés.

Tout récemment, Sabria Dehiles, ancienne journaliste et membre de premier rang du staff de Benflis a choqué par ses déclarations contre Bouregaa, Samir Belaribi ,  Fodil Boumala et surtout Karim Tabbou dont elle a cherché à justifier l’incarcération.

Au cours de ce débat télévisé, la collaboratrice de Benflis qui s’est reconvertie en procureur a convoqué tous les obscurs textes de lois pour justifier l’emprisonnement de ces hommes devenus des symboles en or au sein du hirak.

Elle a surtout démoli ce que Benflis tentait de bâtir, comme sympathie autour de ses projets.

Cela étant, Benflis qui a vu son ami et allié Karim younes accomplir la dure et surtout controversée mission de conduire, ce qu’ ils ont qualifié de dialogue pour finir par la mise en place de l’autorité dite indépendante de surveillance des élections présidentielles, part avec une certaine avance.

Il laisse entrevoir des assurances qu’ il aurait reçues.

Il pourrait être celui que l’on a choisi pour représenter le compromis.  Du moins jusqu’ ici . Si d’ici là il ne sera pas lâché.

Un 3 ème échec pour lui , mettrait définitivement fin à sa carrière politique . De Benflis, il n’en restera alors que l’avocat.  Et encore sans clients. ..

ABN