Le casse tête des dépenses de l’Etat : comment concilier la relance et l’austérité….

Le Conseil des ministres a tenu dimanche 3 mai 2020 sa réunion sous la présidence de M. Abdelmadjid Tebboune, Président de la République.

Parmi les décisions prises, l’augmentation de 30 à 50% la réduction du budget de fonctionnement.

Cette réduction comprend les dépenses de l’Etat et de ses institutions.

Au terme de cette réunion, les dossiers de l’agriculture, de l’aviation civile, de l’Energie, de l’innovation, et de la sécurité sanitaire ont été évoqués.

En ce qui concerne l’agriculture, le président de la république a souligné l’impératif d’accélérer la création immédiate de l’office de l’agriculture saharienne pour la mise en valeur de millions d’hectares de terres sahariennes afin de développer l’agriculture industrielle.

Pour le reste, le Gouvernement a été instruit de lancer les études nécessaires pour la mise en place d’entités publiques autonomes sous forme d’agences nationales chargées de la réalisation de missions bien déterminées dans leurs domaines respectifs.

Par ces décisions, nous retenons une volonté de se conformer aux règles d’austérité provoquées par le coronavirus et la chute du prix du pétrole, en réduisant le budget de l’Etat et de ses institutions d’une part ; et la volonté d’encadrer et de budgétiser institutionnellement des missions dans le but de rentabiliser les potentialités nationales dans les secteurs cités, d’autre part.

N’y a-t-il pas là une contradiction entre la volonté de réduire les dépenses de l’Etat et le rajout d’autres dépenses ?

Andréani disait dans son étude intitulée « Budget de programme et rationalité de la décision publique, parue dans Revue économique : « Un comportement ne peut être dit objectivement rationnel que si en fait il est le comportement correct pour maximiser des valeurs données dans une situation donnée ».

Dans les dépenses publiques, l’idéal de rationalité a été formulé ainsi par Pigou qui disait : « De même qu’un individu augmentera la satisfaction qu’il tire de son revenu en maintenant un certain équilibre entre ses différentes sortes de dépenses, de même une communauté augmentera la sienne à travers son gouvernement. Le principe de l’équilibre repose dans les deux cas sur le postulat que les ressources devraient être distribuées entre leurs différents usages de telle manière qu’elles fournissent dans chacun la même satisfaction marginale. »

Il ne s’agit donc pas de réduire le budget de fonctionnement des institutions de l’Etat pour faire de la rationalité par des mesures d’austérité en temps de crise.

De même qu’il ne s’agit pas d’institutionnaliser des missions supposées existantes et budgétiser au niveau des départements ministériels concernés.

Il s’agit tout simplement de distribuer nos ressources entre leurs différents usages de manière à nous fournir une satisfaction marginale qui résulte d’une utilité marginale.

L’utilité marginale est un concept utilisé en économie pour mesurer la satisfaction qu’un consommateur obtient en consommant un produit ou service rendu par une entreprise ou une institution.

Comment distribuer nos ressources entre leurs différents usages ? Comment mesurer l’utilité marginale ?

A la première question, seules les compétences spécialisées dans le domaine des sciences économiques et de gestion qui existent bel et bien dans notre pays peuvent y répondre par des études de rationalisations.

A la deuxième question, l’Algérie dispose d’un organisme de contrôle encadré par des compétences avérées qui peut y répondre aisément : La cour des comptes.

Ainsi, la solution du problème de notre pays réside dans la distribution des ressources entre leurs différents usages qui doivent fournir en retour une satisfaction marginale, pas seulement en temps de crise, mais même en temps normal.

La solution ne réside en aucun cas dans les mesures conjoncturelles.

A bon entendeur

Docteur Rafik Aloui

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