L’après Bouteflika en ce vendredi : Test de vérité pour Gaid Salah !

Pour Gaid Salah, la marche de ce vendredi 5 Avril revêt un caractère fort particulier . Un enjeu de taille peut se dégager de cette journée et qui va concerner essentiellement la cote du Général auprès des Algériens au lendemain du départ de Bouteflika . Sera t il donc adopté par la rue et épargné par les slogans ? En sortira t il vainqueur , lui qui s’est publiquement et solennellement investi à l’écoute, sans conditions, du peuple allant jusqu’ à s’engager à appliquer à la lettre sans concessions toutes les revendications des Algériens ? Il l’a dit haut et fort .

Mais quelle sera la réponse de la rue qui depuis le début du mouvement appelle à  » leur départ tous » ! Si l’unanimité est acquise sur la nécessité du départ exigé des fameux 4 B , le sort que la population réserve au Général Gaid Salah risque de diviser les rangs de la protestation .

Et pour cause , beaucoup considèrent que le chef d’État major appartient lui même au régime décrié et qu’ il a toujours défendu son « excellence  » le président de la république . Certains acteurs politiques rappellent à la rue que le général avait au début de la protestation commencé par proférer des menaces directes contre les manifestants qu’ il avait traités de manipulés et de perturbateurs .

Ce n’est que par la suite , au gré de la détermination du mouvement qui s’est enrichi de ténacité et qui a pris une extraordinaire dimension par les millions d’Algériens venus renforcer les rangs sur l’ensemble du pays que Gaid Salah a fini par mesurer la force de ce peuple . La détermination pacifique du mouvement conduite par l’impératif du changement .

Le discours du général changera de ton et affichera un respect et une admiration qu’ il déclarera franchement pour se montrer  » frère de ce peuple  » et s’engage de suite,corps et âme avec le mouvement . Gaid Salah rejoint le mouvement avec armes et état major . Il comprend l’enjeu .

Il ne pouvait subir le risque d’être soumis longtemps à l’entêtement des cercles présidentiels d’un côté et entre le regard de l’opinion internationale face à la menace de passer à côté d’un moment historique qui l’interpelle au premier rang en sa qualité de garant de la sécurité nationale . Gaid Salah prendra ses responsabilités , se démarque du président , mobilise l’armée autour de son projet de reconquête du peuple auquel il crie haut et fort son appartenance.

Il fera mieux par la suite en déclarant son engagement à répondre à toutes les aspirations du peuple et ce en rappelant qu’ il veillera sur la sauvegarde des ressources du pays contre ceux qui tentent de se maintenir pour garantir leurs intérêts personnels .

En deux mots : Gaid Salah aura été soldat jusqu’ au bout de l’action . Jusqu’à réaliser la première victoire du peuple . Il est passé de la position de bras armé de Bouteflika à celle de bras armé et allié du peuple .

Une sorte de capitulation honorable puisqu’ il se range du côté d’un peuple dont il se dit issu. Ou peut être même une désertion du mauvais camp pour rejoindre son espace naturel qui devait être le sien depuis le début.

Auprès des Algériens il a gagné beaucoup de sympathie et la rue lui reconnaît ce sursaut fut il un tant soit peu tardif . Au caractère pacifique du mouvement il a tenu la même attitude pacifique et il a surtout permis aux rangs des militaires de demeurer soudés malgré la complexité de l’heure .

Pour autant a t il gagné la confiance du peuple ? S’est il totalement dédouané ? Il a certes plié à la volonté populaire mais consent t il à plier bagages après avoir assuré l’ordre constitutionnel et contribué â remettre l’Algérie sur le droit chemin de la légalité ?

La question divise. Des personnalités qui se prétendent démocrates soutiennent que l’armée devra s’en tenir à son rôle strictement sécuritaire et s’eloigner du champ politique.  L’hypocrisie de ce même courant qui en appelait à l’intervention de cette même institution au début des années 90 pour annuler par un coup de force des élections remportées par les islamistes.

Toutes les voix qui renvoient vers la suspicion d’avoir un jeu été dans la proximité de Bouteflika et de son pouvoir devraient se remettre en cause avant d’en accabler d’autres . L’examen de parcours politique de plusieurs partis dits d’opposition prouve largement ces mauvaises fréquentations soit en tant que membres de l’exécutif ou de membres d’une des deux assemblées sous Bouteflika .

Ce qui est opposable contre  le militaire le serait autant pour le politique d’où la nécessité de garder la sagesse pour la suite des lectures à entreprendre .

Aujourd’hui , Le général Gaid Salah sera au centre de tous les enjeux . La marche de ce vendredi est un test sur le degré d’adhésion et de confiance manifestées à l’égard du seul homme qui a osé prendre ses responsabilités au milieu de ce tumulte .

Peut être bien que le Général songera  au bout du compte après avoir accompli sa mission d’accompagnateur du mouvement à  terminer son parcours par un départ à la retraite qui lui assurera la meilleure preuve de son dévouement envers le pays .

Karim A

 

 

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