La première République algérienne a t- elle existé pour qu’on puisse revendiquer une deuxième ?

Par Dr Rafik ALLOUI

Montesquieu a dit que la vertu est le fondement du gouvernement républicain, comme la peur est celle du gouvernement despotique.

La vérité de cette pensée s’applique t- elle aux gouvernements « républicains » de l’Algérie depuis l’indépendance ?

Le gouvernement républicain est celui qui s’occupe de la chose publique, administrée par tous dans l’intérêt de tous. Cela exige, par conséquent, que les citoyens soient appelés à y prendre part, uniquement dans l’intérêt général.

Sans ce dévouement à la chose publique, en un mot, sans la vertu civique, il n’y a pas de république. Cette dernière cesse d’être la chose de tous pour devenir la proie des ambitieux, exploitant au profit de leurs convoitises la portion de pouvoir qui leur est dévolue.

La république est dès lors perdue, et son nom même ne tarde pas à disparaître. Le despotisme prolifère dans l’égoïsme et la corruption. Cet état des faits, fait perdre entièrement les fondements de la république.

Dans ce qui suit,nous exposons le rôle de la vertu par rapport aux principes qui composent le fondement et la devise républicaine :

1/La république laisse à chaque citoyen toute sa liberté d’action, mais, pour que cette entière liberté ne se transforme pas en une licence à s’autoriser à faire tout ce qu’on veut, il faut que ceux qui jouissent de cette liberté sachent se gouverner eux-mêmes et respecter les droits des autres. Ce respect de soi-même et des autres, qui a son principe dans celui de la dignité humaine, fait précisément partie de ce qu’on nomme la vertu, c’est-à-dire la disposition qui porte vers le bien.

2/ Le respect de la dignité humaine est aussi le meilleur garant de l’égalité que la république doit établir entre les citoyens. Quiconque respecte sincèrement la dignité humaine ne cherche pas à s’élever au-dessus de ses concitoyens, comme s’il était d’une nature à part, mais il repousse toute distinction humiliante pour eux ; et, ne prétendant pas se faire leur supérieur, Ainsi se fonde réellement l’égalité républicaine, qui repousse à la fois l’esprit de domination et le servilisme.

3/ La fraternité qu irelève plutôt des mœurs que de la législation. Elle est la vertu par excellence, et cette vertu, elle est l’indispensable auxiliaire de toute constitution républicaine. Elle soutient et achève l’harmonie sociale.

De ce qui précède, peut – on dire que la vertu a existé dans la république Algérienne ? et de là peut- on dire que nous avons vécu dans une première République ? La réponse est NON. Cela est confirmée par des millions d’algériens qui scandent depuis le 22 février 2019 non au despotisme du système qui ne leur a pas donné l’occasion :

1/De jouir d’une véritable liberté qui leur permet de se gouverner eux-mêmes et respecter les droits des autres démocratiquement.

2/ Le système n’a jamais respecté sincèrement la dignité humaine et a toujours cherché à s’élever au-dessus de ses concitoyens, comme s’il était d’une nature à part.

3/ La fraternité qui relève des mœurs du peuple Algérien, qui incarne la vertu par excellence,indispensable auxiliaire de toute constitution républicaine. Cette vertu qui soutient et achève l’harmonie sociale a été sacrifiér au profit d’un esprit égoïste.

De ce fait, les fondements et la devise d’une république n’ont jamais existé en Algérie ; Il est donc archi faux de parler d’une première République pour qu’on puisse revendiquer une deuxième.

Il est juste de dire avec Montesquieu que la vertu est le principe du gouvernement républicain. Elle est à la république ce que le vice est au despotisme. Là est toute la différence que le peuple Algérien veut  faire comprendre. Il sera surement entendu cette fois-ci par son mouvement pacifique qui se poursuit pour instaurer une vertu afin de vivre dans sa première république.

Dr Rafik ALLOUI

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