Récupération des fonds détournés : le pari difficile de Zeghmati…

Sous sa nouvelle casquette de ministre de la justice, Zeghmati est certes engagé dans un vaste chantier de réhabilitation de la maison qu’ il dirige désormais , et qui a longtemps été désertée par l’authentique justice , mais il semble afficher une ambition dure à traduire sur le terrain.

Zeghmati le ministre a-t-il cessé d’être ce rigoureux magistrat , perdant  le sens du réalisme au profit de la promesse politique?

Sombre -t-il déjà dans des annonces politiques difficiles à réaliser, voire impossibles à l’heure actuelle , vu la complexité de la tâche  et de la crise qui secoue le pays?

En effet, le nouveau ministre a déclaré ce jeudi avec assurance,  que tout sera entrepris pour récupérer les fonds détournés .

Le phénomène de corruption qui a un caractère transnational selon lui , sera combattu et la lutte engagée ira jusqu’ à la récupération des capitaux dilapidés.

Belkacem Zeghmati ne révèle pas le mode opératoire que la justice algérienne compte utiliser pour parvenir à cette fin. D’autant que le pays actuellement ne dispose pas d’institutions suffisamment outilées au plan juridique ou diplomatique pour parvenir à remonter la complexité d’une traçabilité des mouvements de capitaux ayant quitté les caisses publiques pour des destinations étrangères.

Malgré l’existence de quelques conventions et accords avec certains pays et la probable mobilisation des gendarmes financiers internationaux dont le rôle consiste à traquer les fonds suspects , il est néanmoins difficile de convaincre politiquement ces pays pour une collaboration pleine et sereine.

Outre le temps que l’investigation pourrait prendre , il s’agira également de déverrouiller des secrets bancaires dans des pays réputés pour être des paradis fiscaux qui font de l’argent sale, leur principale source d’intérêt et parfois de revenus.

L’absence d’un Etat fort, d’un président élu démocratiquement et d’un gouvernement issu de réelles compétences, la mission à l’international ne sera pas chose aisée pour les autorités algériennes.

L’inventaire des biens mal acquis et les immobilisations mal saines réalisées à l’étranger empruntant souvent des mécanismes complexes d’identification posera une autre problématique de fond .

C’est un véritable défi qui attend la justice algérienne sur ce volet.  S’il est vrai que la lutte contre la corruption ne prendrait tout son sens et n’atteindrait ses objectifs que si les fonds sont récupérés comme le relève Zoghmati, il semble se dégager de la démarche un non dit qui suggère une éventuelle négociation avec les personnes incarcérées.

Au plan interne, par contre, l’objectif affiché pourrait se réaliser dans des proportions assez importantes.

Un simple accès aux données bancaires et douanières ainsi que le fichier du registre de commerce et du fisc serait en mesure de fournir l’essentiel des activités existantes et des capitaux à récupérer.

Néanmoins, des groupes de la taille de ceux de Haddad, de Kouninef , Tahkout et Maazouz ou Eulmi ne peuvent produire un quelconque espoir de récupération de fonds si leur activité est pour une raison ou une autre mise à l’arrêt. Il n’est guère aisé de couper les vivres à des entités économiques ayant gravement mobilisé la ressource publique.

D’où l’urgence de recourir à leur placement sous une gestion rigoureuse par des administrateurs à la compétence avérée.

Il y va aussi du sauvetage de plusieurs dizaines de milliers d’emplois et de maintenir des engagements contractés avec le trésor public .

ABN

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