Liberté de la presse entre deux feux: La justice a t elle enfin gagné?

De la liberté de la presse et de celle des services de sécurité ..

..La puissance de l’information face à la force du renseignement

 

Que retenir de l’interpellation musclée du journaliste travaillant pour le site Alg24 affilié au groupe Ennahar tv ? Quelle conclusion en tirer sachant qu’ il est dit que c’est grâce à un ordre du procureur de la république que deux heures seulement après cette arrestation , les agents du renseignement de l’ex DRS ont procédé à la libération du dit journaliste ?

Ainsi malgré la protection par les textes de lois qui consacrent la liberté de la presse et interdisent pratiquement tout emprisonnement des journalistes dans le cadre de l’exercice de leur métier, on relèvera que la loi a été violée par les services de sécurité.  Pire encore, aucune notification ou convocation n’a été adressé au journaliste « coupable » selon eux d’avoir pondu un article qui évoque le rôle des services de renseignements dans la crise qui secoue le parlement.  Rien que pour ça le journaliste a fait l’objet de menaces d’arrestation, selon Ennahar qui indique que les services avaient exprimé leur mécontentement la veille de l’interpellation. Dans l’article incriminé, un subtil comparatif entre l’ex DRS du général Toufik et celui de la DSS (Direction des Services de Sécurité ) dirigés par Bachir  Tartag est illustré par le journaliste.  Ce que ne semble pas apprécier le successeur de Toufik. Passage donc à l’acte ce matin , dés la première heure ! Les agents des renseignements se présentent au siège du groupe Ennahar et procèdent à l’arrestation de l’auteur de l’article . Arrestation filmée par les caméras de surveillance qui montrent dans le détail la manière forte utilisée dans l’interpellation. La chaîne du groupe a diffusé ces images durant toute la matinée. Ce n’est que deux heures plus tard que l’annonce de la libération a été donnée en prenant soin de souligner que « suite à un ordre venu du procureur de la république, le journaliste a été libéré « . Autres temps, autres moeurs !

Un procureur de la république qui libère un journaliste des mains des services de sécurité ! Information capitale qui mérite réflexion ! Au fait, on pourrait même aller jusqu’à considérer qu’en réalité dans dans toute cette affaire, l’information essentielle réside dans le poids ( étonnant ) et le pouvoir (nouveau ) d’un procureur et de la justice civile ! Autrement vu , on pourrait aussi comprendre que la puissance des services de renseignements, qui , il n y a pas si longtemps faisait trembler le pays dans sa verticale et son horizontale, n’est désormais qu’ une vieille histoire ! Est ce le message distillé par toute cette affaire ? Un État de droit qui commence à prendre forme et qui se laisse montrer via un incident de presse choisie ? Le civil qui prend le dessus sur le militaire ? En tous cas , la diffusion par Ennahar de la conversation téléphonique entre Anis Rahmani le DG du groupe de presse et le responsable du centre opérationnel des services laisse la voie ouverte à deux lectures . Soit que les  renseignements algériens ont vraiment changé de cap et perdu de leur puissance historique si l’on en juge par le ton et la détermination tranchante du DG d’ Ennahar, soit que finalement, l’Algérie a pris un tournant qui consacre un début de changement.  Difficile de ne pas y voir un …plan marketing qui obéit à une stratégie du compromis appelé dans ses objectifs à signifier une soi disant fin d’une certaine époque ! Bienvenu au journaliste libéré !

Karim Alem

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