Histoire secrète du gaz de schiste : Bouteflika avait ficelé l’affaire

 

Voilà pourquoi l’Algérie ne peut plus reculer quant à l’exploitation du gaz de schiste malgré le danger qu’il suscite sur l’environnement :

En mars 2011, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, avait révélé à Houston (USA) l’intention de l’Algérie d’exploiter le gaz de schiste. « Nous sommes intéressés par l’exploitation des réserves de gaz non conventionnels. Nous sommes en train de préparer un programme pilote. Nous sommes en train de choisir une région où toutes les conditions sont réunies. Le programme sera réalisé par la société nationale Sonatrach et un partenaire étranger », avait-il souligné.

 

Indiquant par ailleurs que « le pays ne dispose pas de la technologie complexe nécessaire pour réaliser ce type d’exploitation », mais « souhaite partager les coûts d’exploitation élevés de ce type de ressources».

Au courant de la même année 2011, la compagnie BP (British Petroleum) – partenaire actuel de Sonatrach sur le site d’In Amenas – s’est ainsi engagée avec Sonatrach pour exploiter des gaz de schiste.

 

La France a tout de suite sauté sur l’occasion.

Le 21 décembre 2012, Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères a fait selon l’hebdomadaire Le Point – la confidence suivante : « l’Algérie et la France seraient en voie de signer un accord permettant des recherches françaises dans le domaine de l’exploitation du gaz de schiste. »

L’ex-député français Ali Haroun avait quant à lui a révélé que « des essais sur l’exploitation du gaz de schiste ont été effectués en Algérie avant même de déposer le projet de loi l’autorisant sur la table du Parlement ».

Les recherches que le gouvernement français comptait alors mener en Algérie laissaient entendre que Paris compte exploiter « les gaz de schiste ailleurs, puis en France ».

Cela a été une conséquence de la décision du   président François Hollande qui a affirmé clairement« qu’ il n’y aura pas de production de gaz de schiste en France ».

La question majeure est : pourquoi la France, qui a définitivement banni l’exploitation de cette ressource, veuille l’exploiter sur le territoire algérien, faisant ainsi de l’Algérie un champ d’expérimentation pour les entreprises françaises interdites d’exploitation du gaz de schiste chez elles?

 

Depuis les accords établis avec la France et en dépit de l’opposition de nombreux spécialistes et des écologistes, l’exploration du gaz de schiste est devenue une réalité en Algérie, puisque Statoil et Shell ont obtenu le 30 septembre 2014 une licence pour le permis de Timisit, lequel se situe dans le bassin d’Illizi-Ghadames, d’une superficie de 2.730 km2, dans le Sud Est du pays.

 

La première phase d’exploration devrait s’achever en 2017, et inclut le forage de deux puits et l’acquisition de données sismiques.

La société norvégienne Statoil sera opérateur à hauteur de 30 %, Shell à hauteur de 19 %, le solde de 51 % étant détenu par la compagnie publique algérienne Sonatrach.

Le Wall Street Journal signale pour sa part qu’il s’agit du premier round d’appel d’offres depuis l’attaque terroriste mortelle survenue en janvier 2013 sur le site gazier de In Amenas, le dernier round de ce type datant de 2011.

C’est pour cette raison qu’en mars 2013, l’Algérie a révisé sa loi relative aux hydrocarbures, autorisant notamment l’exploration et l’exploitation des énergies non conventionnelles.

Ainsi, le 27 décembre 2014, la première torche de gaz de schiste a été allumée dans le bassin de l’Ahnit, dans la wilaya de Tamanrasset.

Le forage du premier puits, baptisé AHT1H1, a été achevé en quatre mois et la première fracturation hydraulique a été opérée « avec succès », a estimé le ministre de l’Energie. Il en veut pour preuve, la torche enflammée indiquant la présence du gaz de schiste.

Toutes ces actions sont restées confidentielles et comme preuves ce n’est que le 1er octobre 2017, que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a expressément invité Sonatrach à investir dans le gaz de schiste. « Il est temps que Sonatrach exploite toutes ses énergies au service de l’entreprise et du pays, a affirmé le chef du gouvernement. Il ne s’agit pas là d’une démarche aventureuse mais d’une option visant à garantir l’avenir en matière énergétique. »

 

Immédiatement après,  le PDG Sonatrach, Saïd Sahnoun a annoncé que« L’exploitation commerciale du gaz de schiste en Algérie devrait commencer en 2022 avec une production de 20 milliards de m3. »

Lors d’une rencontre internationale sur le pétrole et le gaz à Alger le PDG de Sonatrach a déclaré :« Nous comptons entamer la phase-pilote de l’exploitation des ressources non conventionnelles en 2019, avec la perspective de mettre ce potentiel en production à partir de 2022 ».

Le ministre de l’énergie dans le gouvernement intérimaire de Monsieur Bensalah »a déclaré « que la nouvelle loi sur les hydrocarbures a été discutée avec les partenaire étrangers », Cela justifie que sa promulgation a été une obligation pour se mettre en conformité avec les engagements pris antérieurement avec les sociétés étrangères.

Le régime de Bouteflika a vendu la richesse de cette future génération qui aurait pu exploiter plus tard ce genre de ressources par des moyens technologiques qui soient à même de protéger l’environnement .

L’Algérie est-elle condamnée à rester éternellement un pays fournisseur d’énergie ?

Est-elle obligée de satisfaire d’autres pays alors qu’elle peut réussir son autosuffisance avec l’agriculture et le tourisme et en s’épargnant le désastre écologique qui la guette ?

Pourquoi les potentialités humaines ainsi que les méthodes managériales scientifiques dont disposent nos compétences pour développer ces deux secteurs sont-elles ignorées ?

Le pouvoir est-il conscient que la réserve d’eau que constitue l’immense nappe souterraine de notre pays est menacée ?

Le pouvoir n’est-il pas conscient que les prochains conflits dans le monde porteraient sur l’eau ?

A bon entendeur.

Dr Rafik Alloui

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