Faut il boycotter l’autoroute Est – Ouest?

Les nouvelles moeurs de mobilisation récemment apparues sur les réseaux sociaux et qui appellent au boycott de l’automobile made in Algeria augurent elles d une prise de conscience réelle dans l acte de consommation? Sommes nous face à un nouveau mode de protestation économique ou s agit il encore une fois d une manipulation d agents sans noms terrés dans le virtuel ambiant ?

L’appel au boycott qui s est concentré exclusivement sur l automobile assemblée en Algérie pose en réalité plus de questions qu’il n apporte de réponses.

 Il n’est étrangement pas l’oeuvre des associations de consommateurs dont il serait naturel qu’elles lancent de telles intitatives. Celles ci peu dynamiques ont trouvé là une opportunité inespérée de s’embarquer dans cette campagne aussi curieuse que surprenante.

Curieuse en ce sens où elle affiche des contradictions de taille ! Non seulement il est reproché aux assembleurs nationaux de » produire  » des véhicules non conformes , présentant des mal façons , mais en plus et c est lâ où le paradoxe est lourd , on exige une réduction de prix ! Si le véhicule est jugé non conforme pourquoi persister à vouloir l’acheter si l’on baissait son prix?

 Par ailleurs certains experts improvisés professionnels de l industrie automobile proposent des analyses pour le moins étonnantes. Ils vont jusqu’à oser sous entendre que l’automobile mériterait d’être un produit national à subventionner!

Au delà de leur exigence qui tente un forcing absurde pour imposer des prix de ventes aux assembleurs , certains apprentis auditeurs font fi des règles du libre marché confrontant l offre à la demande. Sous prétexte que les assembleurs bénéficient de crédits bancaires – ce qui serait un tabou- selon leur vision, et qu’ils soient affranchis des droits douaniers et des taxes fiscales , ces nouveaux experts dénoncent les marges bénéficiaires pratiquées.

Etrangement On ne mesure plus la marge bénéficiaire en pourcentage rapporté au prix de revient mais on préfère l’estimer suivant un autre raisonnement.  Si un opérateur gagne 300 milles dinars par véhicule, il serait plus lisible de s exprimer en pourcentage pour situer l’étendue ou l’importance du gain afin de mieux apprécier l abus ! Tant que la marge demeure dans la fourchette des gains universels , qui oserait s aventurer à crier à l arnaque.

Aussi bien le Ministère du commerce que celui de l’industrie ne seront en position d imposer une quelconque fourchette de prix . Ce serait contraire à la liberté du marché.

Seul un droit de regard sur l’observation des avantages accordés en matière fiscale et douanière pourrait être légitimement mis en avant. S’il est prouvé que les assembleurs détournent ces avantages , la responsabilité des pouvoirs publics s en trouverait pleinement engagée .

De leur côté les assembleurs automobiles brandissent l’argument de la contrainte née du taux de change avec un dinar en perte de valeur et opposent également les charges salariales et de logistique pour justifier l’impératif commercial de leurs marges.

Les protestataires ne le voient pas de cet oeil et s improvisent à la fois en  gestionnaires et acheteurs! Si le boycott est un sursaut qui suggère l émergence d un consommateur de qualité , il serait néanmoins judicieux de l’étendre à d autres produits de première nécessité qui ont vu leur prix gravement flamber. C est un climat de forte suspicion qui vient de naître autour de cette nouvelle industrie automobile que les pouvoirs publics veulent à tout prix inscrire au chapitre politique de leur palmarès.

 Quel qu’en serait le prix ! Arrivée tardivement , cette industrie se heurte au premier écueil d une monnaie nationale instable et fortement dépréciee.  Il est à s interroger sur le fond de la démarche . On a voulu lancer cette industrie pour des considérations purement politiques et nullement économiques.

Était il opportun de le faire si l on tient compte des avantages comparatifs suivant les théories élémentaires reconnues en la matière ? N’était il pas plus indiqué de contingenter l’importation automobile plutôt que de prévoir une production locale coûteuse ? Si le produit localement fabriqué est plus cher que s il était importé , l’option est vite annoncée.

Sommes nous dans ce scénario  d autant que le dinar n est pas prêt à rebondir tant que nos exportations hors hydrocarbures restent insignifiantes. Les initiateurs de la campagne de boycott cruellement absents pour dénoncer les prix des carburants dans un pays producteur de pétrole iront ils jusqu’à bouder l’autoroute Est – Ouest qui a été facturée à coups de milliards de dollars superflus et des malfaçons plus graves que celles de l’automobile  prétendument dénoncées ?

 Karim.A

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