Covid19, effets secondaires politico-économiques : Ce que l’Algérie devrait savoir…

Les scientifiques, Kang HaoCheong et Michael C. Jones,de l’Université de technologie de Singapour ont démontré dans une réflexion inédite les conditions de notre civilisation qui ont pu favoriser le développement de la pandémie du Corona Virus Covid-19: La surpopulation, la mondialisation, l’hyperconnectivité et des chaînes d’approvisionnement de plus en plus centralisées.

Les auteurs de cette réflexion confirment que le Covid-19 révèle des anomalies critiques dans notre système mondial de commerce, de gouvernance et de santé publique et déséquilibre de ce fait d’autres domaines vitaux, tels que la stabilité économique et géopolitique dont les effets pourraient aboutir à une catastrophe sans précédent dans le monde si elles n’étaient pas sévèrement atténuées, alertent les auteurs.

Le Covid-19 doit donc être ainsi compris précisent ces scientifiques « comme un coup de semonce ou un signal d’alarme qui doit nous réveiller. L’entière compréhension de ce risque explosif doit nous guider vers l’unique solution possible, un changement de cap, radical et mondial, basé sur le principe de précaution et motivé par des principes biologiques. »

 

Les auteurs de cette réflexion concluent : « nous devrons bâtir de nouvelles institutions et adopter des comportements sociaux durables qui imitent la vie, plutôt que des systèmes qui défient ses principes, un monde dans lequel les êtres vivants anticipent, évitent de détruire et travaillent à une vie durable et prospère ».

Une leçon : un changement de cap non pas seulement géopolitique mais civilisationnel peut seul sauver l’humanité.

Cette opinion est déjà largement partagée, cependant, personne ne sait exactement de quelle manière.

 

Si personne dans ce monde ne sait pour le moment de quelle manière il faut changer de cap, en principe, en Algérie on sait cependant de quelle manière il faut changer sur le plan civilisationnel, géopolitique et économiques : Il suffit d’une volonté politique pour mettre en évidence nos propres valeurs :

1/ Sur le plan civilisationnel :Pour un changement de cap civilisationnel Edgar Morin écrivait le 06/04/2012 : « Changer de cap signifie changer de voie de développement. Le développement, formule techno-économique générale, s’est appliqué sur tous les continents sans tenir compte des singularités propres à chaque nation ou culture, des savoirs, savoir-faire, arts de vie, valeurs des multiples cultures y compris les plus petites.

Cette formule a produit, non seulement de nouvelles classes moyennes jouissant des avantages et des intoxications de l’occidentalisation, mais aussi de gigantesques misères dont témoignent les énormes bidonvilles ceinturant les métropoles d’Asie, d’Afrique, et d’Amérique latine.

Il est temps poursuit- il de « promouvoir l’alimentation de saison et de proximité qui favorise l’agriculture maraîchère et fermière, de substituer au règne du jetable à celui des objets durables et des métiers de réparation, de favoriser le besoin d’objets artisanaux singuliers plutôt que d’objets industriels. Il s’agit de prendre à nouveau conscience que l’amour est plus important que l’argent et de retrouver la part de gratuité et de responsabilité qui permettent l’épanouissement des relations humaines. Il s’agit en somme de remplacer l’hégémonie de la quantité par celle de la qualité. »

 

Si dans le monde assommé et étourdi par le Corona Virus personne ne sait pour le moment de quelle manière il faut agir pour changer de cap civilisationnel, car la logique d’efficacité, de prédictibilité, de calculabilité, hyperspécialisée et chronométrée gangrène aujourd’hui toutes les activités humaines, y compris l’administration.

En effet, la mécanisation prend les commandes du monde urbain et même du monde rural, avec l’agriculture et l’élevage industrialisés. Elle envahit la vie quotidienne, l’éducation, la consommation, les règles, les loisirs, et même les services.

Cependant, en Algérie il est beaucoup plus facile, car il ne s’agit pas de changer de cap comme dans le monde industrialisé, il faut simplement revenir à nos traditions ancestrales par le retour aux économies de proximité, par le retour vers nos plus profondes nécessités, comme l’a si bien précisé Edgar Morin que ses compatriotes n’ont pas écouté en son temps.

2/ Sur le plan géopolitique : Les pays du Maghreb dont l’Algérie est l’acteur central, ne doivent en aucun cas se présenter seuls face aux mutations futures. Il est vital de relancer au plus vite les instances de l’Union du Maghreb (UMA) afin de prétendre à une prise en considération dans ce domaine.

3/ Sur le plan politique : Les pratiques politiques exercées depuis l’indépendance ont provoqué un fossé énorme entre le peuple, les pouvoirs publics et les partis politiques.

Il en est comme preuve : Le mouvement populaire pacifique déclenché depuis le 22 févier 2019, qui a duré plus d’une année et semble perdurer si ce n’est le confinement du Corona Virus.

Ce mouvement Horizontal rejette toutes formes de récupération.

Il ne demande qu’une seule chose : Une Algérie nouvelle libre et démocratique. N’est-il pas le moment pour l’Algérie de se remettre en cause sur ce plan ?

4/ Sur le plan économique: D’après le rapport de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE)du 12 mars 2020, la demande de pétrole devrait fortement baisser.

La Chine diminuant drastiquement sa consommation. L’AIE prévoit que le Brent pourrait se coter à 43 dollars moyenne annuelle en 2020, soit une baisse de 29,3%, par rapport à 2019.

Jusqu’à quand l’Algérie comptera sur sa rente du pétrole qui représente 98% de ses ressources économiques ?

L’Algérie est l’un des plus importants gisements d’énergie solaire au monde avec une durée d’insolation de 2.000 à 3.900 heures par an, et une irradiation journalière de 3.000 à 6.000 Wh/M2, soit l’équivalent de 10 fois la consommation mondiale.

Il est temps pour l’Algérie de mettre tout l’effort pour concrétiser en priorité le programme qui prévoyait la mise en place à l’horizon 2030, d’une capacité de production d’électricité de 12.000 MW exclusivement destinée au marché intérieur avec un éventail d’énergies renouvelables parmi lesquels 7.200 MW en thermo solaire, 2.800 MW en photovoltaïque, et 2.000 en éolien.

 

L’objectif ouvertement affiché était d’économiser au maximum le gaz naturel qui représente 45% de la production nationale utilisée comme Energie primaire pour faire tourner les turbines à gaz que composent le parc de production d’électricité nationale.

En matière d’éclairage public :Il représente 40% de la consommation nationale en énergie, soit 6500 MW sur les 14500 MW consommés en 2018.

Ne serait-il pas temps de généraliser l’expériences du photovoltaïque à travers tout le pays ?

En matière d’autosuffisance alimentaire : Il est largement à la portée de l’Algérie.

Le sud Algérien qui dispose d’une réserve d’eau inépuisable que contient la nappe adriatique a prouvé sa capacité de produire trois campagnes de moissons de blé par an et une production abondantes de produits maraichères primeurs qui peut suffire à la consommation intérieure et même à l’exportation.

L’objectif n’est pas de simplement diminuer considérablement la facture des importations qui a atteint 8,07 milliards de dollars en 2019, mais surtout mettre un terme à l’hégémonie extérieure.

« L’exemple de l’affaire des 20 milles tonnes de pommes imposées est édifiant ».

La solution passe surtout par la formation, la recherche et le transfert technologique par une coopération « gagnant-gagnant » :seule garante de la souveraineté nationale.

La voie de l’économie sociale et solidaire, associée aux autres voies évoquées toutes réformatrices qui, si elles se développent et se conjuguent pourront constituer la voie de salut pour l’Algérie car ils entraineront d’autres voies vitales telles la santé, l’éducation et le tourisme.

Le Corona Virus est certes une calamité qui est en train de faire beaucoup de mal, mais a toutes choses « malheur est bon » comme on dit : C’est l’occasion de prendre conscience de cette Algérie des martyrs qui doit absolument retrouver sa place dans ce nouveau monde imposé par le Corona Virus Covid-19.

L’histoire en sera témoin.

A bon entendeur

Docteur Rafik Alloui

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