Choisi pour vous: Journalisme, complotisme et délation

Dans cet article suggéré par Malika Oubraham, il est question des dérapages et manoeuvres journalistiques en violation totale avec les régles de l’éthique. 

Au nom d’une certaine liberté, des journalistes se permettent des excès injustifables.

 

 

Dans une enquête qui parait ces jours-ci dans leurs colonnes et sur leur chaine, le site indépendant Heidi.News et la télévision Léman Bleu ont infiltré ce qu’ils appellent la complosphère romande d’une manière qui suscite un énorme malaise.

 

Ils s’attaquent à une mouvance de militants qui dénoncent pêle-mêle l’application SwissCovid, la gestion de la crise du coronavirus, la 5G, le big pharma, Bill Gates, les multinationales et les banques, et qui préparent notamment une initiative populaire contre l’application SwissCovid.

 

Il n’y a naturellement aucun mal à s’intéresser à ces personnes ni à enquêter sur ce qu’ils sont et ce qu’ils font. C’est même un devoir de la presse que de le faire.

 

Ce qui est injustifiable en revanche, c’est la méthode et le ton utilisés, qui sont indignes du journalisme de qualité et contreviennent aux règles élémentaires de la profession en violant la charte éthique des journalistes.

D’abord, tout journaliste sait que le journalisme d’immersion, même pour de bonnes raisons, et l’usage de caméras cachées ou de photos volées doivent respecter des règles précises, tels que le respect de l’image et de la vie privée, l’obligation de non-diffamation, l’honnêteté, l’absence de mensonge, et bien sûr, le droit pour les personnes sous enquête de donner leur point de vue.

 

Or toutes ces règles ont été malmenées dans le cas d’espèce. Il y a d’abord l’usage du mot complotisme. Dans la bouche des gens dits sérieux, ce mot est utilisé comme insulte pour discréditer. Il n’est pas du tout neutre. Surtout qu’il est utilisé à tort et à travers pour stigmatiser et ostraciser les personnes ou les groupes qui ont le tort d’avoir une opinion différente de celle du courant dominant.

 

Comment des journalistes qui prétendent défendre la liberté d’expression et la démocratie peuvent-ils chercher à nuire à des gens dont on peut penser ce qu’on veut mais qui exercent simplement leur liberté d’opinion et d’action de citoyens ?

Ils n’ont commis aucun délit et ne menacent pas la société, que je sache !

 

Encore plus inacceptable, la méthode d’infiltration, assortie d’un flagrant mensonge. Lorsque Florence Aubenas entre dans la peau d’une nettoyeuse de bateau pour décrire l’affreux quotidien de ces travailleurs, ou quand Günther Wallraff se fait passer pour un Turc pour dénoncer la condition des immigrés turcs en Allemagne, ils ne le font pas pour dénigrer aux personnes, et encore moins pour les tromper.

 

Or dans le cas qui nous intéresse, le journaliste de Heidi.News a dû mentir sur ses intentions et se faire passer pour ce qu’il n’était pas. La Charte des journalistes prohibe expressément ces agissements en interdisant à son article 4 d’user de méthodes déloyales pour obtenir des informations. Idem aux articles 7 et 8 pour le respect de la dignité des personnes et de leur vie privée.

 

Pourquoi des citoyennes et des citoyens qui n’ont commis aucun délit et ne font qu’user de leurs droits démocratiques, et qui n’exercent aucune fonction publique ou économique importante, se retrouvent-ils jetés en pâture à l’opinion comme s’ils étaient de dangereux conspirateurs ? Et cela alors que tout ce qu’ils disent et ce qu’ils font est publiquement annoncé sur les réseaux sociaux ?

 

Le droit de penser autrement deviendrait-il un délit ? Réunir des signatures pour une initiative fait-il de vous automatiquement un complotiste et un conspirationniste ? Que dire alors de ces dizaines de députés cantonaux qui ont signé des motions pour demander une suspension de la 5G ou poser des questions sur la gestion du Covid-19 ?

 

Ici, les limites du journalisme éthique ont été clairement franchies pour tomber dans la délation et la dénonciation sans que rien ne le justifie.

C’est regrettable et il faut le dire haut et fort.

Guy Mettan.

In Arrêt sur info.

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